mercredi 27 mars 2019

Never Ending Man

Un très beau film vu récemment : un documentaire d'une heure à peine, filmé au téléphone portable, un peu tremblé, et pourtant combien émouvant, sur Hayao Miyazaki.

Ce n'est pas un film sur le jeune mangaka passé à l'animation, ni sur le fringant artiste qui a lancé les studios Ghibli. C'est un film sur le Miyazaki d'aujourd'hui, celui qui a annoncé à plusieurs reprise depuis 2013 qu'il prenait sa retrait mais qui revient toujours, porté par un désir de création qui le dépasse, par son génie à l'état pur, par l'angoisse devant le temps qui file.
C'est un film qui fait réfléchir pendant des jours, des semaines après l'avoir vu.
L'exigence artistique extrême du Maître, y compris et surtout envers lui-même, est contrebalancée par son calme, sa bonté envers les enfants de son quartier qui viennent sonner à sa porte pour lui demander des bonbons.
On le voit toujours vêtu en tablier, comme un ouvrier : mais c'est un ouvrier au service de l'art, de l'art sous toutes ses formes. Aquarelle, encre, crayonné, animé, et même – c'est le point de départ du documentaire – animation en 3D avec ses essais collaboratifs pour Boro la petite chenille.
Hayao Miyazaki semble sorti de l'une de ses propres oeuvres : dans les grandes poches de son tablier, il y a des pinceaux et des cigarettes. Ses cheveux sont blancs comme la neige, ses gestes calmes et son corps alerte et souple (on le voit faire un peu de tai-chi).

Si tu en as encore la possibilité, lecteur (c'est-à-dire, j'imagine, s'il y a un cinéma d'art et d'essai pas très loin de chez toi), cours voir ce film dans lequel il y a tout. De la philosophie, de la poésie, mais surtout de la beauté et de la mélancolie.

La chanson du jour : Ramin Djawadi, "Heart-shaped box". Une émouvante cover version de Nirvana, presque de la musique classique, qui sublime l'univers de la très intelligente série Westworld.

mardi 19 mars 2019

Quelque chose de cassé

J'ai participé à la Photo de Truc© chez le Dr CaSo, dont le blog est drôlement plus chic que le mien. Le thème était : photographiez-moi un truc cassé.
J'ai acheté cette reproduction d'une stèle représentant Ramsès II enfant sur la boutique en ligne du Louvre. Les moulages sont toujours reproduits à la perfection, dans le moindre détail, cassures incluses bien sûr !
On reconnaît l'âge tendre de Ramsès à sa tresse rituelle, comme je l'ai appris dans ce très chouette bouquin d'Amandine Marshall, tiré de sa thèse en égyptologie, que je recommande à toutes et tous : Etre un enfant en Egypte ancienne.

La chanson du jour : Tame Impala, "Let it happen". Cheveux longs, lumière dorée, musique planante aux sonorités étouffées. Un moment magique.

vendredi 15 mars 2019

Genèse du blog

Pourquoi Miyax ? Parce que Julie des loups est mon premier coup de cœur littéraire. J'ai aimé passionnément, vers sept ans, l'ambiance de la nuit qui s'installe pour six mois, des plaques de lichen sur la banquise et des sternes arctiques qui indiquent le nord. L'héroïne est inuit, son nom natal est Miyax. Il y a un an ou deux, j'ai cherché à me procurer une édition originale du livre, s'il est permis d'utiliser cette expression pour une impression d'époque de la traduction française. La couverture est magnifique et le papier vieilli ajoute au charme :
"La taverne" parce que j'ai envie d'un lieu accueillant, tout virtuel qu'il soit, et d'un lieu où l'on cause, même si je risque d'écrire bien plus long que ne le seront les commentaires.
J'aime aussi ce mot, qui me fait penser à tous les mondes médiévaux fantastiques que j'ai pu fréquenter dans les livres (L'Assassin Royal) ou les jeux de société (Andor, Citadelles).
Et si vous avez envie de boire une bière bien fraîche dans ma taverne, c'est par ici ;)

La chanson du jour : Beau Dommage, "Chinatown". Un groupe formé l'année de parution de Julie des loups.

mardi 5 mars 2019

Polina

Depuis toujours, je lis énormément de bande dessinée, de romans graphiques, de mangas, de blogs dessinés et même de bédénovelas (Les Autres Gens, L’Été arte...)... Presque autant que de romans, ce qui chez moi n'est pas peu de chose. Il n'y a guère que les comics que je goûte peu, mais je pense que c'est par méconnaissance.
Bastien Vivès est un auteur contemporain qui fait régulièrement polémique. Je le confonds régulièrement avec Thomas Cadène pour l'innovation de son trait et la modernité des thèmes qu'il traite. J'ai bien aimé certaines de ses oeuvres (Le Chemisier), j'en ai trouvé d'autres navrantes (Elle(s)). Je viens de lire Polina et j'avais envie d'en parler ici.

Impossible de ne pas penser au film Black Swan lorsqu'on entame ce roman graphique. Sauf que la danseuse dépassée par l'ambition de sa mère, qui rencontre un pygmalion entre ogre et démon, a six ans et pas vingt au début de l'histoire. On en est d'autant plus fasciné·e, et mal à l'aise.
Bastien Vivès est malin : l'histoire débute comme Black Swan, mais prend un chemin parallèle. Au lieu de s'enfermer dans le cercle de son école de danse, l'héroïne pratique la fuite en avant : elle la quitte pour un théâtre contemporain, abandonne celui-ci pour une autre compagnie, puis intègre une troupe de théâtre à Berlin, et ainsi de suite... Elle laisse derrière elle des amis, des amours, les retrouve et les perd, tout comme cet ancien professeur qui lui faisait si peur à six ans mais lui propose plus tard d'incarner un spectacle en solo. Cette relation ambiguë est au cœur du livre.
Tout du long on se demande si Polina, qui brûle régulièrement ses vaisseaux, sacrifie son futur sur des coups de tête, ou au contraire marche vers un avenir triomphant. Cette question m'a tenue en haleine tout au long des deux cents pages.

J'ai trouvé l'intrigue beaucoup plus riche que Black Swan car la jeune fille grandit (on la suit sur de nombreuses années) et a davantage de libre arbitre que la Nina campée par Natalie Portman.
Ensuite, je ne peux que conseiller l'ouvrage pour le style graphique ébouriffant de Vivès. Tout est en noir et blanc, avec un peu de gris ; le trait est nerveux, épuré, mais restitue les mouvements avec une virtuosité que j'ai rarement vue : les gestes de danse bien sûr, mais aussi le balancement d'une queue-de-cheval sur l'épaule quand Polina se retourne vers Bojinski, son ancien maître. Les expressions aussi sont rendues avec une finesse que je n'avais jamais vue ailleurs, les visages aussi : en trois cases on a l'impression de connaître les personnages depuis toujours.

Je conseille donc ce roman graphique à qui aime la danse, l'art au sens graphique du terme, les relations troubles, les personnages féminins qui s'affranchissent des clichés, à qui a aimé Black Swan, ou ne l'a pas aimé. du tout...


La chanson du jour : Mina Tindle, "Pan". Un duo inoubliable avec un ancien des Innocents.

samedi 2 mars 2019

Le soir


« C’est le soir que j’en ai marre d’être moi-même. Je veux sortir, et je n’ai plus l’énergie pour sortir physiquement ; si c’était envisageable, d’ailleurs, j’aimerais sortir sans m’accompagner, en me laissant moi-même à la maison. »

Défaite des maîtres et possesseursVincent Message (vous pouvez cliquer : cet auteur a toutes les qualités, en plus de son talent et de son éthique il se paye le luxe d'être extrêmement beau garçon).

La chanson du jour : Pomplamoose, "Pumped Up Kicks" (Radiohead Mashup). Ma plus belle découverte de 2018.

vendredi 1 mars 2019

Après la jachère... la moisson ?

On dirait bien que j'ai fini par récupérer, au prix d'extraordinaires difficultés, mes codes d'accès.
Que j'ai changé la bannière, mis les liens à jour, redécouvert le fonctionnement du schmilblick.
On dirait bien que 9 ans après, j'ai encore des choses à dire.
Mais probablement perdu toutes mes lectrices et tous mes lecteurs entre-temps !
Je ne me souviens plus pourquoi j'ai cessé d'alimenter ce blog. Sûrement par manque d'idées, par désenvie. Mais je paierais cher pour savoir pourquoi j'ai supprimé tous les anciens articles au lieu de les passer en brouillons. J'aurais aimé les relire aujourd'hui : dialogue entre mon moi présent et passé... Dommage.

La chanson du jour : Juliette Armanet, "L'amour en solitaire".
Classe, doux et efficace.